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Congrès 2012 de l’Opl Daniel Condat : « La contractualisation actuelle accélèrera la déstructuration de la filière laitière »

L’Opl, branche laitière de la Coordination rurale, organise son congrès annuel ce jeudi 22 mars 2012 à Saint-Germain-en-Coglès, en Ille-et-Vilaine, où « plus de 300 éleveurs sont attendus ». Daniel Condat, son président, revient sur la contractualisation laitière en critiquant les conséquences des contrats individuels sur les prix payés aux producteurs et celles de la construction actuelle des OP par entreprise.

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Joint par téléphone quelques heures avant l'ouverture du congrès 2012 de l'Opl, Daniel Condat fait aussi le point sur l’interprofession Office du lait et l’OP France MilkBoard que son syndicat défend aux côtés de l’Apli et de la Confédération paysanne.

(Cliquez sur les titres ci-dessous pour lancer l'interview téléphonique de Daniel Condat)

https://www.dailymotion.com/video/
 

 

Avec l'interview ci-dessous, retrouvez aussi l’analyse du président de l’Opl sur la conjoncture laitière actuelle, la proposition de la Pac faite par la Commission européenne en octobre 2011 et les enjeux de l’élection présidentielle.

Terre-net Média : Pour votre congrès, vous avez convié Anne Mottet, économiste de l’institut de l’élevage, pour venir expliquer l’évolution de la filière laitière allemande. A la sortie des quotas en 2015, l’Allemagne sera-t-elle une menace pour les producteurs français ?

Daniel Condat : Je ne considère pas que l’Allemagne constitue une menace. La menace vient surtout de la politique laitière telle qu’elle est mise en œuvre en France. On ne cesse de nous mettre des chaînes tout en nous demandant de courir plus vite que les autres. Je parle des chaines environnementales et administratives, notamment, que nous avons tous les jours. On veut multiplier les lois incompréhensibles et les producteurs en souffrent énormément voire se découragent.

Tnm : La conjoncture laitière est plutôt bonne actuellement. Gérard Calbrix, économiste de l’Atla, ne pense pas qu’il y aura de nouvelle crise du lait dans les 10 prochaines années. Etes-vous aussi optimiste ?

Daniel Condat : Je n’exclus pas qu’une prochaine crise puisse arriver. Aujourd’hui, j’entends Lactalis nous expliquer qu’il y a trop de lait. Je tiens tout de même à rappeler que nous sommes toujours en dessous du prix pour lequel les producteurs seraient rémunérés correctement. Je vois le gasoil qui augmente énormément, les engrais qui ont doublé, etc. Tout ceci m’inquiète pour l’avenir.

Tnm : Justement, au regard des charges qui ont augmenté, quel serait le prix du lait nécessaire pour rémunérer correctement les producteurs ?

Daniel Condat : On devrait être au-delà de 420 €/1.000 litres.

Tnm : L’année 2012 sera cruciale pour la négociation de la future Pac. Etes-vous satisfait de la proposition de la Commission européenne d’octobre 2011 ?

Daniel Condat : On va vers plus de verdissement et plus de contraintes. Je vois que les propositions de la Commission, en viande bovine, nous ont conduits à en importer de plus en plus. En filière sucrière, ces mêmes propositions nous amène à passer du statut d’exportateur à celui d’importateur. Le libéralisme à outrance est en train de générer des quantités énormes de chômeurs, des pertes de valeur pour l’Europe. Je ne sais pas où Bruxelles veut aller.

Tnm : L’Europe semble « vouloir travailler sur la simplification de la future Pac », un discours entendu depuis de nombreuses années. Croyez-vous qu’elle puisse être plus simple pour les agriculteurs ?

Daniel Condat : Je n’arrête pas d’entendre dire qu’on va simplifier. Moi, je ne vois que des choses qui se compléxifient. Sur ce sujet, je ne comprends pas bien ce que fait l’Europe. Prenez l’exemple français de la Tva. Lorsqu’il faut appliquer les nouvelles règles dans les fermes, c’est catastrophique. Alors ceux qui parlent de simplification feraient bien d’y réfléchir à deux fois.

Tnm : Nous sommes à un mois, jour pour jour, du premier tour de l’élection présidentielle. Qu’attendez-vous de la prochaine équipe gouvernementale pour la filière laitière ?

Daniel Condat : En matière d’agriculture, je n’ai pas entendu de vraies discours et de vraies propositions de la part des candidats, qu’ils soient de droite ou de gauche d’ailleurs. Je me méfie de la Gauche car j’ai peur que la productivité en prenne un coup. Je me méfie aussi de la Droite car je crains qu’elle ne fasse simplement que critiquer la Gauche pour effaroucher l’électeur agricole qui pourrait être tenté par le vote à Gauche. Nous sommes de toute façon sur une stratégie libérale et je ne pense pas que le prochain Gouvernement ne changera les choses.

 

 

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